par Gustave Bord.
www.barruel.com
Le livre dont vous allez pouvoir lire la préface, est un ouvrage de
référence dans les livres d'historiens francs-maçons sérieux... comme
Paul Naudon, Marius Lepage, Pierre Mariel, Fred Zeller... entre autres
auteurs... sérieux... pour ne citer que ces quelques noms.
La préface est reproduite dans son intégralité, puis à la suite, vous lirez quelques passages du livre reproduits en images...
Les quelques lignes de ce texte sont reproduites à titre
d'information... pour tous ainsi que pour tous les "profs"...
d'histoire... qui ont bien souvent tendance à raconter n'importe quoi...
à leurs élèves...
De la déformation nationale des cervelles...
Monsieur Bord, historien, a surtout étudié le coté philosophique de la
franc-maçonnerie et il est à "compléter" par la lecture d'autres auteurs
comme Barruel, Deschamps, Delassus, Poncins, Coston, Virion, Lombard,
Bordiot, Wirth (F-M), Gaïta (F-M), Lévi (F-M), Papus (F-M), Lepage
(F-M), Mariel (F-M), Marquès Rivière, Copin Albancelli, Doinel,
Margiotta, Léti (F-M)... et bien d'autres encore sans parler des
auteurs... sérieux... étrangers tels que Pike (F-M), Gould (F-M),
Robinson, Allen, Webster, Queenborough, Carr et bien sur... Antony
Sutton... entre autres...
Vous trouverez un "petit" complément d'auteurs et de titres dans la
bibliographie... incomplète...
Sachant que la secte religieuse nommée franc-maçonnerie, toutes versions
confondues, par ses membres, et son influence, gouverne... la France...
et impose une véritable dictature sur tout un peuple... pour ne parler
que de la France...
Ce livre a été édité en 1908.
Depuis... combien de guerres et de révolutions... dans le monde grâce à ces... fous ???
Et de nos jours... tout va bien ???
Non ???
Bonne lecture... à tous...
Depuis plus d'un siècle les historiens et les économistes se demandent
comment un pays, foncièrement monarchique et catholique comme la France,
a pu brusquement changer d'idéal et de foi. Suivant leurs passions
politiques ou religieuses, ils ont donné à ce phénomène social les
causes les plus diverses.
Il est hors de toute discussion que la société française était gravement
malade à la fin du XVIIIe siècle, puisque de son sein sont sortis les
doctrines et les acteurs de la Révolution. Ce qu'il nous paraît
important de savoir, ce n'est donc pas si le corps social était
contaminé, mais de quel mal il était atteint. Se mourait-il de
vieillesse, avait-il une maladie
organique, ou était-il en proie a une maladie infectieuse résultat d'une
inoculation morbide ? Le mal était-il guérissable ou mortel ?
Aucun historien de bonne foi n'a mis en doute que l'âme du pays ne fût
royaliste et croyante. L'État ne succombait pas faute de l'aliment
nécessaire à son fonctionnement régulier ; le déficit financier n'eut de
gravité que parce que les adversaires de la monarchie s'en firent une
arme. En réalité le mal, superficiel et passager, n'atteignait pas le
gouvernement dans son essence même ; à l'extérieur, la France était
puissante et respectée.
Aucun pays ne jouissait alors de plus de libertés, d'esprit de
tolérance, que la France. Son gouvernement paternel était d'une douceur
extrême, souvent même débonnaire ; si on le compare au gouvernement
anglais qu'on lui oppose sans cesse, il faudra constater que quarante
ans s'étaient à peine écoulés depuis la répression féroce de Cumberland
en Ecosse et des ministres en Irlande. A la veille de notre Révolution,
les catholiques, exclus de toutes les fonctions publiques, étaient
traqués dans les rues de Londres par les émeutiers dirigés par le maçon
Gordon. Le moindre attorney distribuait, sous des noms différents, des
lettres de cachet dont les rois de France se servaient de moins en
moins. Le régime barbare des prisons anglaises, comparé au régime de la
Bastille *, est tout à l'avantage de la forteresse royale.
* Voir à ce sujet la réponse du sollicitor Thomas Evans au pamphlet de Linguet : Réfutation des Mémoires..., p. 36, 39 et
54.
La jurisprudence anglaise avait, plus que la nôtre, envahi et déformé
l'esprit des lois. C'est sur ce dernier point cependant que le
gouvernement de la France était le plus attaquable ; mais les parlements
étaient plus responsables que le roi et son conseil de cet encombrement
judiciaire.
Dans la Grande Chambre siégeaient officiellement les adversaires les
plus déclarés du pouvoir royal. Néanmoins, sans la faiblesse
incompréhensible du souverain, la monarchie française, qui avait en
maintes circonstances prouvé sa souplesse et son énergie, aurait dominé
l'esprit public, mis à la raison les parlements révoltés et vaincu
l'inertie de leur résistance. Il faut donc qu'un mal plus terrible ait
envahi ce qu'on appelait alors l'opinion publique ; le but de cette
étude est de prouver que le mal, qui devait contaminer le monde entier,
n'était pas seulement la franc-maçonnerie, mais surtout l'esprit
maçonnique.
C'est bien là qu'il faut chercher les véritables causes et l'explication
logique de la Révolution : identité des formules et des dogmes de la
maçonnerie avec les principes de 1789 ; les maçons et les jacobins
emploient les mêmes manœuvres et
livrent les mêmes combats.
L'esprit maçonnique enfanta l'esprit révolutionnaire, voilà ce que nous voulons démontrer.
Je ne puis me dissimuler la difficulté de la tâche que j'ai entreprise :
écrire, au milieu de notre époque de luttes ardentes et de haines
féroces, une histoire impartiale de la franc-maçonnerie en France, en un
mot faire oeuvre d'historien et non de polémiste, semble presque
impossible.
Cependant j'ai voulu, avec intensité, être juste envers ceux qui ne
pensent pas comme moi ; par réaction, j'ai peut-être été dur envers mes
amis. Je m'en excuse, mais je ne le regrette pas.
L'étude de la franc-maçonnerie a été l'objet de nombreux travaux depuis une cinquantaine d'années.
Presque
tous sont l'œuvre d'adversaires déclarés de l'Ordre ; la plupart des
auteurs sont plus que des adversaires, ils sont des
ennemis acharnés d'une institution qui les irrite, les trouble et les
déconcerte d'autant plus que ceux qu'ils attaquent ne répondent jamais,
laissent le débat sommeiller, empêchant ainsi la discussion sinon de
naître, au moins de prendre
corps.
Les francs-maçons, de leur côté, ont publié divers ouvrages
sur l'histoire de leur Ordre ; quelques-uns sont bien faits, mais leurs
auteurs ne disent que ce qu'ils savent ou peuvent dire : tels ceux de
Ragon, Rebold, Jouaust, Amiable, Daruty, Findel, Gould, etc. La plupart
de ces ouvrages paraissent même être des oeuvres de bonne foi. En dehors
des documents manuscrits, pour établir ma conviction, j'ai eu souvent
recours à leurs aveux et jamais aux accusations de leurs contradicteurs,
lorsque celles-ci n'étaient pas justifiées par des preuves
indiscutables.
Malgré tous ces travaux, par suite de la passion des adversaires, plus
on a écrit sur la matière, plus on semble avoir fait l'obscurité sur le
sujet traité.
A quelles causes peut-on attribuer de semblables résultats ?
Est-ce à dire, d'après l'exposé ci-dessus, que la franc-maçonnerie soit injustement attaquée ?
Après avoir étudié la franc-maçonnerie, adversaire sincère et convaincu
de l'idée maçonnique, j'ose le dire, sans parti pris, je crois que les
causes de l'imbroglio dans lequel les partis se débattent tiennent aux
raisons suivantes : Les anti-maçons déterminés cherchent d'une part ce
qui n'existe pas : l'origine juive de l'Ordre, ou une direction occulte
exclusivement dans les mains de l'Angleterre.
Les francs-maçons, de leur côté, se taisent sur ces questions, parce
qu'ils n'en savent pas plus long sur leur Ordre que leurs adversaires ;
beaucoup parmi eux croient même, comme de simples profanes, aux fameux
secrets qu'ils espèrent connaître quand ils seront plus avancés dans les
hauts grades. D'autre part, les attaques dirigées contre eux ne sont
pas faites pour leur déplaire ; elles leur donnent un prestige
mystérieux dont ils profitent ; le silence des frères apparaît sous
forme de prudence et de discrétion, alors qu'il a son origine uniquement
dans leur ignorance qui devient ainsi de
l'habileté.
Quelle définition peut-on donner de la franc-maçonnerie ?
La franc-maçonnerie est une secte religieuse, qui, après quelques
tâtonnements, s'organisa surtout en Europe, vers 1725, professa une
doctrine humanitaire internationale et se superposa aux autres
religions.
Son but avoué était de faire arriver les hommes à un état de perfection
basé sur leur égalité sous toutes les formes ; indifférente à toutes les
religions, elle devait conduire ses adeptes à ne croire à aucune. La
généralisation de l'idée égalitaire devait l'amener rapidement à
combattre même l'hypothèse d'une supériorité divine et à nier
l'existence d'un être supérieur, créateur du monde. Sa définition d'un
Dieu simplement architecte de l'univers supprime, en effet, le Dieu
créateur, base de toutes les religions révélées. Le Dieu des
francs-maçons est simplement la force qui régit la matière, la loi de
l'univers dont les hommes ne peuvent percevoir que les manifestations
sensibles à leurs sens limités ; un Dieu inconscient du bien et du mal,
qui conduit ses adeptes à admettre qu'il n'y a ni bien ni mal absolus en
dehors des nécessités de leur propre conservation. Pour la secte, toute
autorité est un mal provisoirement nécessaire, qu'on doit tendre à
supprimer pour arriver à l'état de perfection. Les prêtres de cette
religion d'incroyants sont les initiés actifs ; les fidèles, conscients
ou inconscients, sont tous les profanes incroyants et tous ceux imbus
des idées égalitaires, car les uns et les autres collaborent au succès
du Grand Œuvre : maçons parfaits, initiés incomplets ou profanes
latomisés*.
* Par latomisé nous désignons toutes les personnes, initiées ou profanes, imprégnées de la doctrine maçonnique.
La franc-maçonnerie ne tend donc pas à un perfectionnement des sociétés
existantes en tenant compte de leurs origines, de leur tempérament, de
leur situation, mais à un retour à l'état de nature, à une agglomération
d'êtres humains, satisfaits d'une vie végétative, pourvu que ses
avantages matériels soient également répartis entre tous les citoyens.
La maçonnerie spéculative, celle qui fera l'objet de cette étude, a
emprunté ses idées et ses formules à la maçonnerie professionnelle.
Cette première forme de la maçonnerie corporative, assurément fort
ancienne, correspondait à une société restreinte, à une sélection
hiérarchisée dans laquelle on pouvait appliquer utilement les doctrines
d'égalité. Lorsque la maçonnerie s'est développée, lorsqu'elle a frappé
aux portes de tous les métiers, de toutes les professions, elle est
devenue nécessairement destructive de tout ordre social.
Sur elle sont venus se greffer tous les esprits curieux chimériques.
Cette lutte contre tout principe d'autorité n'était certes pas nouvelle ;
au moyen âge, les passionnés de religion naturelle avaient déjà pris
toutes les formes métaphysiciens, ils
s'étaient jetés dans la kabbale ; savants, dans l'alchimie ; médecins,
dans l'empirisme ; astronomes, dans l'astrologie...
Plus tard, ces assoiffés de liberté absolue, d'égalité chimérique, de libre examen, ont fait la Réforme, le
jansénisme, l'encyclopédisme, la maçonnerie et le jacobinisme.
Si les jacobins ont été les triomphateurs éphémères de l'entité
égalitaire, les francs-maçons en ont été les protagonistes ; ce sont eux
qui ont mis les combattants en présence, après avoir préparé le terrain
de telle façon, que l'ancienne France devait fatalement succomber.
La franc-maçonnerie n'est pas née spontanément, elle n'est pas non plus
une société secrète antique, ayant traversé et dirigé l'humanité depuis
des siècles, et qui ne s'est trahie que lorsque son succès s'est
manifesté d'une manière indiscutable. Elle est née lentement,
poursuivant tour à tour des buts différents. L'organisation matérielle
qui avait présidé à sa constitution prit, à la longue, la forme d'un
dogme, puis celle d'une idée sociale transformatrice, lorsque les
francs-maçons imaginèrent de réglementer l'humanité sur le modèle de
leur Ordre. C'est à partir de ce moment que naquit vraiment la
franc-maçonnerie telle qu'elle existe encore de nos jours.
La franc-maçonnerie est, depuis près de deux siècles, une société
secrète dans le sens strict du mot. En effet, quel que soit le but
qu'elle poursuit, en admettant que ce but soit celui qu'elle proclame,
elle fait tous ses efforts pour tenir cachées aux profanes ses
délibérations et ses décisions. Si toutes les fantasmagories
initiatiques qu'elle pratique ont un
caractère mystérieux d'apparence puérile, le serment du silence a des
conséquences beaucoup plus graves, bien que ce serment ait une tare
initiale qui ne devrait pas affecter la conscience de ceux qui l'on
prêté, puisqu'on le leur
a fait faire au sujet d'engagements imprécis, et même non révélés.
Le caractère secret de la société maçonnique a entraîné ses adversaires
dans une série de fausses déductions. Ils ont défini la
franc-maçonnerie, sous prétexte qu'elle cachait ses délibérations :
société qui détient un secret religieux,
social et politique, ayant un but caché criminel, et ils se sont mis à
la recherche de ce secret.
" Faire croire qu'on dispose d'une puissance occulte, c'est presque la
posséder ", est un axiome maçonnique. La F.-. M.-., en effet, a intérêt à
laisser croire qu'elle a eu et qu'elle a encore une influence occulte
lui permettant d'intervenir dans l'histoire des peuples chaque fois
qu'elle le croit nécessaire. L'affirmation est facile à faire et
impossible à contrôler ;
le maçon mis en mesure de faire la preuve de ses assertions se retranche
toujours derrière son fameux secret. Ceux qui l'attaquent sur ce
terrain ou sont ses complices, ou font naïvement son jeu*.
* Un f.-. m.-. me disait textuellement il y a quelques jours : " Une
puissance inconnue du vulgaire mène le monde depuis sa création ; elle
intervient dans l'histoire des peuples chaque fois que cela est utile ;
cette force qui provient de Dieu ou du Diable, appelez-la comme vous
voudrez, moi je l'appelle la f.-. m.-. " Phénomène curieux produit par
la latomisation ; mon interlocuteur était sincère.
Lorsque le dogme maçonnique naquit, ses protagonistes entrevirent-ils
les résultats sociaux que devait produire son application ? Assurément
non. Aucun esprit n'était assez profond et assez avisé pour prévoir le
cataclysme qu'il devait enfanter. On peut même dire que ceux qui
soulevèrent la tempête étaient à ce point aveugles qu'ils furent les
premières victimes de la tourmente. Cela était logique ; cela était
juste. N'est-ce pas ainsi que la Providence, l'Être suprême comme
disaient les jacobins, intervient dans les actes collectifs des hommes
et fait marcher l'histoire des peuples ?
Nous aurons donc à prouver, au cours de cet ouvrage, que, pendant tout
le XVIIIe siècle, la propagation de l'idée maçonnique fut funeste à la
société, et que cette idée, néfaste par essence, entraîna, sans qu'ils
s'en soient doutés, la plupart des francs-maçons beaucoup plus loin
qu'ils ne l'avaient prévu.
Mais encore faut-il distinguer les maçons conscients isolés dans une
vingtaine de loges, des maçons inconscients qui
furent le plus grand nombre : dans les tableaux des loges, nous voyons
figurer des représentants de toutes les branches de la société française
: le bataillon serré s' avance, maillets battants, à la conquête de
l'autorité pour la supprimer. Côte à côte défilent la noblesse
authentifiée par d'Hozier et la noblesse née d'hier, incertaine ou
usurpée ; le clergé janséniste et l'armée ; la magistrature et le
barreau ; la finance et l'administration ; la grande et la petite
bourgeoisie ; l'industrie et le commerce...
Et lorsqu'on commence à entrevoir quelle sera l'issue du combat, la
plupart des metteurs en oeuvre se retirent et regrettent l'ouvrage
accompli. Parmi les maçons, il faut le reconnaître, parce que c'est la
vérité et la justice, il y eut plus de victimes que de bourreaux. Si
nous en rencontrons dans les assemblées électorales de 1789, à la
Bastille le 14 Juillet et à Versailles les 5 et 6 Octobre, nous en
trouvons au Dix Août, aux Tuileries ; en Septembre, ils sont foule dans
les prisons, et on en rencontre à Coblentz, à Bruxelles et à Londres
aussi bien qu'à la Force ou à la Conciergerie...
Le dogme nouveau, déformation d'une vérité chrétienne, pouvait, il est
vrai, séduire des esprits généreux mais superficiels. Mais aussi il
développa outre mesure la juste fierté humaine et la transforma en
orgueil dégradant et haineux ; transportée du cercle limité d'une loge à
l'humanité entière, l'évolution de ce dogme devait conduire les peuples
à la haine de toutes les supériorités sur la terre et à la destruction
de toute croyance en un Dieu créateur et maître du monde.
Lorsque le Christ a enseigné l'égalité et l'humilité, il a dit aux
despotes qui gouvernaient le monde : Devant mon Père, vous n'êtes pas
plus que ceux que vous dominez sur cette terre. Cette idée sublime de
l'humble égalité qui régénéra l'humanité, se transforma, sous
l'impulsion de la franc-maçonnerie, en une idée abominable, parce que
ceux qui la pilotèrent, enseignèrent l'égalité orgueilleuse et qu'ils
dirent aussi bien à la brute qu'à l'infortuné : Vous êtes les égaux des
plus hautes intelligences, des puissants et des riches et vous êtes le
nombre.
C'est ce dogme, chrétien en apparence, que la franc-maçonnerie répandit.
A défaut d'initiés proprement dits, la propagande égalitaire fit des
latomisés dont le rôle fut très important : Diderot, d'Alembert,
Rousseau, la Baumelle,
Maupertuis, n'étaient probablement pas maçons ; Voltaire ne fut initié
que quelques mois avant sa mort, alors que son oeuvre destructrice était
faite depuis longtemps.
Le latomisé fut, à la vérité, un perturbateur tout aussi terrible que
l'initié, car sa mentalité était la cause fatale de l'ambiance créée par
le dogme égalitaire. La mentalité maçonnique agissait en effet autant
sur le latomisé que sur l'initié, et la plupart d'entre eux ne voyaient
pas exactement la transformation que la maçonnerie avait produite sur
leur intelligence, sur leur volonté et sur leur conscience. Voilà
précisément où se trouve la force de la franc-maçonnerie. Là aussi est
le danger qu'elle présente.
Le premier effet de l'initiation est de purifier l'apprenti de toute
mentalité chrétienne, s'il en a une ; puis, le compagnon revenu à l'état
de nature, sans préjugés religieux et sociaux, sera capable, en
devenant maître, d'avoir une mentalité nouvelle.
L'enfant élevé dans la religion chrétienne voit, juge et agit
chrétiennement ; le maçon né à la lumière du temple verra, jugera et
agira maçonniquement.
Point n'est besoin de lui suggérer ses actes. Le Maître Parfait, en
présence d'un jugement à porter, d'une décision à prendre, jugera et
agira d'instinct, suivant les préceptes de la maçonnerie, pour le bien
de l'Ordre ; à la discipline chrétienne aura été substitué l'esclavage
maçonnique, esclavage inconscient et par cela même plus complet, plus
dangereux. L'initié n'a plus le libre arbitre du chrétien, il est revenu
à la fatalité antique. Il ne doit plus compte de ses actes à un Dieu
omniscient qui récompense ou punit dans ce monde ou dans l'autre, mais à
lui-même, et seulement sur cette terre, avant de s'abîmer dans le néant
d'une mort définitive et complète.
La brute et l'homme de génie, le bon et le coupable, mélangeront leurs
poussières semblables pour retourner à la matière ; sorti du
protoplasme, l'homme retournera à la vibration cosmique. L'âme, simple
ferment, s'anéantira pour l'éternité. Rien avant, rien après. Dans un
temps indéfini, la terre elle-même retournera au chaos, roulant d'un
même rythme dans l'espace, avec la matière diffuse, ce qui fut l'âme
humaine.
Tous les initiés ne peuvent aller jusqu'à ces dernières conséquences ;
combien s'arrêtent en chemin, doutant aussi bien du néant que de la vie
éternelle, indécis, sans croyances quelconques, désespérés ! Ceux-là ne
sont plus des chrétiens, mais ils ne sont pas des maçons parfaits.
Néanmoins ils feront oeuvre de maçons, agiront en maçons.
Je n'ignore pas qu'en attaquant le dogme de l'égalité je prête le flanc à
des accusations de tous genres et que les moindres sont de me faire
dire, sous une forme plus ou moins dédaigneuse, plus ou moins courtoise,
que je suis né trop tard dans un monde trop jeune ; que je ne suis pas
un homme de progrès ; que je suis paradoxal et peut-être encore plus ou
moins que tout cela, selon qu'on voudra l'entendre moins ou plus.
A ces objections je répondrai par avance, qu'il me paraît, au contraire,
que je suis venu trop tôt dans un monde déjà vieux ; que je ne crois
pas à la pérennité de ce qu'on appelle l'esprit nouveau ; que tout dogme
social qui a pour base la haine et l'orgueil ne peut avoir qu'une
existence momentanée, que les grandes œuvres ne peuvent être faites que
par des
hommes isolés et non par des collectivités, et que les deux grandes
forces qui doivent conduire les hommes de demain sont la bonté et
l'énergie.
Or, depuis que la franc-maçonnerie a été introduite en France, on n'a
pas cessé, sous prétexte d'égalité, de conduire le grand troupeau des
violents à l'assaut de toutes les supériorités, sous prétexte qu'elles
ne représentaient pas le plus grand nombre.
Après m'être lu et relu, dans le calme de ma conscience, je n'ai rien
trouvé à changer à mes conclusions, résultat d'un labeur considérable
dont le lecteur pourra apprécier l'étendue.
Mon opinion a été formée et mon jugement rendu en toute indépendance de
conscience ; pour être sincère, je dois reconnaître cependant que ce
n'est ni en spectateur indifférent, ni en citoyen du monde que j'ai vu
les choses et les gens, mais en amant passionné de celle qui est
toujours pour moi la douce France, que j'aime avec ardeur, de cette
généreuse France dont le grand passé me fait espérer dans son avenir,
malgré toutes les tristesses de l'heure présente.
Les épreuves de la vie et les ans aiguisent ou adoucissent les angles ;
le temps nous rend impitoyable ou indulgent. J'ai pensé qu'il était plus
habile et plus particulier d'essayer d'être très indulgent, et je crois
l'avoir été.
Dans mon étude du grand conflit du XVIIIe siècle entre la maçonnerie et
le reste de la France, je n'ai pas perdu de vue un instant que, quoi
qu'ils puissent dire ou faire, les maçons, vienne le temps de l'épreuve,
sentiront malgré eux le vieux sang des aïeux circuler avec intensité et
annihiler l'éducation artificielle et provisoire de leur cerveau.
Beaucoup, parmi les adversaires actuels de l'Ordre, ne sont-ils pas les
descendants des initiés du XVIIIe siècle ?
Mon travail veut donc être une oeuvre d'apaisement et, quelque
paradoxale que ma prétention puisse paraître dans les circonstances
actuelles, je persiste à croire que l'on peut tenter encore de
réconcilier l'ancienne France avec la France moderne ; non pas que je
veuille faire renaître le passé de toutes pièces : le passé est mort ;
mais la vie d'aujourd'hui n'est-elle pas fille des morts d'hier, des
morts d'il y a des siècles ? Les fleurs poussent sur les tombes.
Si je veux emprunter au passé les grandes lignes de sa tradition pour la
direction à imprimer à nos destinées politiques, à l'intérieur comme à
l'extérieur, je n'imagine pas un instant qu'on puisse prétendre à
rétablir notre ancien état social. Par contre, je ne conçois pas non
plus qu'on puisse ériger en axiome et encore moins en dogme, que notre
état social actuel est une arche sacrée, renfermant la nouvelle Bible de
l'humanité future.
Si, pour rendre mon récit vivant et sincère, je me suis attardé dans de
menus détails, je n'ai retenu dans mes conclusions que les grandes
lignes de l'ensemble ; si j'ai décrit des usages et des fêtes ridicules,
j'ai aussi indiqué certaines solennités maçonniques qui n'étaient pas
sans grandeur.
Je considère qu'il faut élever la discussion au-dessus de ces misères et
de ces actes louables, dégager la thèse maçonnique et montrer
résolument, nettement, son opposition avec la croyance nécessaire à
toute société.
La franc-maçonnerie s'est posée, à ses débuts, en défenseur de la
religion naturelle : croyance à l'au-delà, à l'existence de Dieu et à
l'immortalité de l'âme, basée sur les seules données de la raison ;
mais, peu à peu, cette religion naturelle s'est transformée en simple
morale sociale, basée sur l'éternité de la matière, et après avoir passé
par le panthéisme, elle a abouti à la négation de la Divinité.
Ses adversaires croient, au contraire, que la religion naturelle n'est
que l'étape nécessaire pour arriver à la religion révélée et à toutes
ses conséquences : croyance en l'au-delà, basée sur les lumières
surnaturelles de la raison, grâce à une intervention directe de la
Divinité, apportant la vérité aux hommes.
Au fond, toute la lutte religieuse est circonscrite à l'opposition de cette thèse à cette croyance.
Au point de vue social, l'antagonisme est tout aussi tranché.
En
étudiant le développement des loges et les transformations de leurs
doctrines, nous verrons la lutte s'engager et les résultats sociaux
obtenus par le triomphe des ateliers de la maçonnerie.
Sans prétention électorale, je puis oser dire ce que de nombreux
esprits, cultivés et sincères, n'osent murmurer et encore moins écrire.
La doctrine de l'égalité me révolte, parce qu'elle conduit
infailliblement à la négation de toute hiérarchie indispensable, parce
qu'elle nous ramène forcément au socialisme d'Etat, première forme de
toute société qui sort des limbes de la barbarie, dernier spasme de
toute société qui meurt ; parce qu'elle détruit inévitablement la
famille et l'individualité ; parce qu'elle a pour conséquence
inéluctable la négation de la supériorité divine qu'elle remplace par la
loi du nombre.
Pour lutter contre de semblables doctrines, le pouvoir seul peut
intervenir utilement. En France, moins qu'en tout autre pays, il ne peut
se former de sociétés pour défendre purement et simplement le
gouvernement constitué. Si, par hasard, des essais sont tentés, ils
aboutiront à un but opposé à celui qu'on voudra poursuivre. Les
défenseurs du pouvoir ne seront pas désintéressés. Ils voudront protéger
et réclameront des privilèges ; en cas de refus, ils crieront à
l'injustice, à l'ingratitude et concluront à l'inutilité du dévouement.
Les défenseurs du pouvoir deviendront ses pires ennemis.
La Révolution accomplie, au nom du dogme maçonnique, les loges
elles-mêmes n'échapperont pas à cette loi fatale ; le gouvernement
qu'elles auront créé, au nom même du dogme de l'égalité, se refusera à
leur reconnaître des privilèges de fondateurs ; la Révolution se
retournera contre eux. En ne tenant pas compte de ces lois sociales,
l'historien est désorienté, il ne comprend pas, il trouve illogiques
toutes les hypothèses qu'il peut imaginer. Comment expliquer autrement,
en effet, que l'on retrouve presque tous les maçons de 1788 et 1789,
soit hors de France, soit sous le couteau de la guillotine ?
Il faut reconnaître aussi que la royauté fut coupable : non seulement le
gouvernement royal ne supprima pas la maçonnerie, mais encore il
l'encouragea. Louis XVI et ses frères étaient maçons-protecteurs. Depuis
longtemps les princes du sang et la noblesse de cour faisaient partie
de l'Ordre. Les premiers, et avec eux les légitimés, affectaient une
soumission chagrine à la personne du roi. Au pied du trône, au nom de
l'égalité, ils regrettaient de n'être pas assis à côté ou même à la
place du roi. De leur côté, les représentants des anciennes grandes
familles, quasi royales, n'avaient pas oublié qu'il avait été un temps
où elles marchaient de pair avec la maison de Bourbon et que, pour les
dompter, il avait fallu Louis XI, Richelieu et Louis XIV. Combien
souffraient de ne plus être appelés qu'à faire partie de la haute
domesticité de la couronne ! Les intrigues de cour ressemblaient à de
véritables complots. On frondait le pouvoir royal à Chantilly, à Berny
et à Sceaux, comme à Brunoy, à Bagatelle et à Villers-Cotterets. Toutes
ces familles princières
furent représentées dans la franc-maçonnerie, sinon par leur chef, tout
au moins par ceux qui lui tenaient de près. L'exemple fut suivi :
Versailles devint une vaste loge ; on coudoyait le maçon aussi bien dans
l'œil-de-Bœuf qu'à l'office
et au corps de garde. Hauts dignitaires de l'armée et de la
magistrature, maison du roi et des princes, maison de la reine, gardes
du corps, chambre du roi...
Tout ce monde, pensionné de la liste civile, grouillant, intriguant,
quémandant, avait prêté serment tout à la fois entre les mains du
vénérable de sa loge et à la personne du roi.
Combien ne retrouveront leur foi royaliste qu'en présence du malheur
frappant à leur porte ! Avec eux ils auront entraîné dans l'abîme la
monarchie et le pays tout entier : le roi, l'admirable noblesse de
province, la bourgeoisie et le peuple. La franc-maçonnerie aurait été
impuissante à produire ce cataclysme, si elle n'avait été conduite et
dominée par son dogme égalitaire.
Dans notre premier volume, nous verrons manœuvrer les ouvriers de
l'idée, ceux qui préparèrent le terrain. Dans le second, les ouvriers du
fait bouleverseront de fond en comble le sol de notre pays et seront
engloutis par l'abîme qu'ils auront creusé.
Dans le troisième enfin, nous verrons les ouvriers qui auront survécu,
diriger encore la France vers le chemin qu'ils lui avaient tracé et
continuer en temps de paix violente la construction du Grand OEuvre.
Avec la franc-maçonnerie nous aurons vu passer devant nos yeux l'image
de tous les vices, et aussi, il faut le reconnaître, celle de beaucoup
de vertus. Son recrutement avait été multiple et varié, car elle avait
frappé aussi bien aux portes des sociétés de plaisirs vulgaires qu'à
celles qui avaient des aspirations élevées, attirant à elle tout ce qui
était groupement :
telle société inavouable est venue se fondre avec telle autre société
dont le but était admirable.
Dans quelle mesure faut-il la blâmer et la louer ? La maçonnerie a été
imprégnée de toutes les vertus et de tous les vices de son temps, et, il
faut l'avouer, ceux-ci étaient les plus nombreux.
Après avoir déroulé devant les yeux du lecteur le tableau de toutes ces turpitudes, que faudra-t-il conclure ?
Que l'humanité est passée une fois de plus avec toutes ses hontes et toutes ses beautés.
L'humanité est passée, et comme elle a souffert, le regard de Dieu lui a donné une vie nouvelle.
L'homme, pour être vraiment digne de ce nom, a plus besoin d'idéal que
de pain, et c'est l'idéal commun qui agrège les nations vivaces et
généreuses. Cet idéal, il faut que nous le retrouvions et qu'il prenne
la place de la haine qui frappe tout effort de stérilité.
L'ancienne France avait comme idéal la religion catholique et la royauté
traditionnelle. C'est de l'union de ces deux croyances qu'est née la
Patrie française ; des doctrines maçonniques ont pu nous la faire
oublier momentanément, mais je reste convaincu que la France de demain
reprendra ses anciennes traditions ; que celles-ci seront d'accord avec
les nécessités du monde moderne et que notre pays redeviendra la nation
énergique et généreuse qu'elle fut sous ses rois.
GUSTAVE BORD.
Maintenant quelques extraits...
Page 3.
Page 5.
Page 9.
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Page 13.
Page 20.
Pages 21 - 22.
Page 38.
Page 99.
Page 108.
Pages 195 - 196.
Page 217.
Page 225.
Page 246.
Page 248.
Page 349.
Page 350 - 351.
Page 355.
Puis de la page 357 à 488 monsieur Bord fait un état des loges existant
en France en 1771, puis de la page 489 à 504 il fait un état des loges
militaires.
Et enfin de la page 505 à la fin il reproduits certains documents maçonniques.
Et depuis... la France subit... la dictature sanglante de la secte nommée franc-maçonnerie... avec de nos jours un petit kapo nommé sarko qui se dit être un jacobin...
A mort... la France...
Le monde des fous...
Le livre est disponible au format .pdf, numérisé par l'université de Toronto.
La F.-.M en France est ici aussi barruel.com/la secte en France